"En 2022, il devrait manquer plus de 790 pilotes dans les compagnies aériennes européennes et en 2023, il manquera près de 2 300 de ces professionnels. L'étude d'Oliver Wyman estime que le problème s'accentuera d'année en année, pour atteindre en 2029 le besoin de 3 900 pilotes pour la seule aviation européenne", peut-on lire dans la même note.

Le consultant précise également que "l'Europe est la troisième région du monde la moins touchée par le manque de pilotes de l'aviation civile", ajoutant que la situation est résiduelle en Afrique et en Amérique du Sud et que "à la fin de la décennie, il manquera 22 670 pilotes dans la région Asie/Pacifique, 20 600 en Amérique du Nord et 12 400 au Moyen-Orient".

Au total, selon Oliver Wyman, "on estime qu'il y a environ 60 000 pilotes dans l'aviation civile dans le monde". Le consultant a également indiqué que "la crise du 19 décembre a fortement affecté le besoin de pilotes, avec la réduction brutale du tourisme et des voyages d'affaires" et que l'année dernière, 23 376 professionnels ont été cloués au sol, "sans possibilité de voler, uniquement en Europe".

Oliver Wyman estime que la reprise de l'aviation, dans le segment des passagers, "commence au début de 2022", mais explique que "la demande de pilotes, cependant, est davantage déterminée par le nombre de départs d'avions, et pas tellement par le nombre de passagers". Le consultant a révélé qu'à l'échelle mondiale, "les flottes d'avions ont déjà retrouvé 76 % de leur niveau d'avant le virus Covid-19", tandis qu'en Chine, où le virus a été maîtrisé plus rapidement, "99 % des avions sont déjà en circulation".

Oliver Wyman rappelle également qu'en 2019, 62 % des responsables des opérations aériennes qu'il a consultés "admettent déjà le risque d'un manque de pilotes qualifiés, pour différentes raisons". Ainsi, aux États-Unis, "il y avait trop de professionnels atteignant l'âge de la retraite", tandis qu'en Chine, "la croissance de la classe moyenne a alimenté la demande de transport aérien".

"La crise de la pandémie a mis en évidence le caractère cyclique de cette profession, avec de nombreux pilotes licenciés en raison de la baisse soudaine des vols, et de nombreux autres laissés dans une situation d'instabilité économique, contrairement à l'image traditionnelle d'une carrière stable, rentable et attractive", a souligné le consultant. En outre, la pandémie a conduit de nombreuses compagnies aériennes à "interrompre les programmes de formation des nouveaux pilotes, dans de nombreux cas parce que les banques ont réduit le financement de ces actions", a-t-elle ajouté.

"Bien que l'on s'attende à ce que de nombreux pilotes licenciés pendant la pandémie retrouvent leur poste, entre 25 000 et 35 000 professionnels actuels et futurs pourront opter pour des alternatives de carrière au cours de la prochaine décennie", a prévenu la consultante. Pour Oliver Wyman, dans ce scénario, les compagnies aériennes doivent "adopter des solutions rapides, qui passent nécessairement par l'optimisation des ressources humaines existantes ; par l'engagement ferme de former de nouveaux pilotes, et par l'engagement d'appliquer les outils nécessaires pour retenir les talents". Le mois dernier, TAP a entamé un processus de licenciement collectif de 124 travailleurs, dont 35 pilotes.